Éditorial : Entrons dans une nouvelle ère

Lê Thi Mai Allafort, rédactrice en chef de La Toque Magazine.

Pas une période de l’histoire n’a vraiment gardé trace d’une ère heureuse et prospère. Aujourd’hui, alors que le temps appartient au travail et aux moyens qu’il donne pour exister socialement, l’insatisfaction est palpable à tous les étages. Font foi, en surface, les reconversions, les démissions, les burn out ; mais, plus profondément, c’est ce sentiment d’absurdité que le quotidien ingrat souligne : travailler dur pour passer son temps libre à dépenser et à consommer ? Nous n’en sommes même plus là. Travailler pour payer ses factures, ses employés ; pour assurer le minimum, qui est désormais le plafond de verre d’un grand nombre d’entre nous.

Si tant est qu’il est possible de profiter de vacances, il est dorénavant de mauvais ton de prendre l’avion pour les tonnes de carbone que cela émet. Finirons-nous par être taxés, avec des quotas individuels à ne pas dépasser — comme on le voit déjà dans certaines agglomérations, avec les voitures les plus polluantes interdites dans les centres-villes ?

Cette nouvelle ère est écologique mais son histoire n’est pas encore racontée. En effet, quel scénario allons-nous accepter si elleest annoncée comme frugale, raisonnée, responsable quand déjà à l’ère précédente, c’était le cas ; dans un quotidien où même quand on a un emploi ou une entreprise rentable, nous faisons déjà attention ? Comment faire lorsque l’on est mitraillés par les publicités, les injonctions sociales, les informations à profusion qui nous disent quoi penser au lieu de nous informer —toutes les nouvelles sont-elles vraiment bonnes à connaître ?

La nouvelle ère écologique passera par une rupture, et il serait souhaitable qu’aucune catastrophe ne s’impose pour enclencher un “réveil” face à des pratiques et à des habitudes que nous ne renions toujours pas. Bien courageux est celle ou celui qui marche à contresens du mouvement. Un nouveau mouvement doit s’imposer et il devra avant tout être plus juste, le mérite y être reconnu, l’effort gratifié à sa juste mesure, dans un contexte où le chacun pour soi sera devenu has been.

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